Découverte du Judo dès 10ans puis de la 'Self-Défense " au sein du Judo club wattrelosien, je reçois mon titre de ceinture noire par mes professeurs Henri Ghesquière et Pierre Demuyter, que je ne peux que remercier de m'avoir permis d'accéder à ce niveau technique, ce qui m'a enclenché d'autres horizons dans la "Voie et la Culture martiale" du Budo.
Rencontre avec un Maître en 1978 (SOKE J.J QUERO) puis déménagement à Haybes/Meuse (Dojo central AEJT), véritable révélation. Ceinture noire 1°stade des valeurs en 1981, j'ai enseigné avec mon épouse, elle aussi ceinture noire 1er stade et secrétaire au sein du Centre Sportif, Artistique et Culturel Haybois, jusqu'en 1991
Nous déménageons à Carpentras et créons "l' Amicale Comtadine de Ju-Jutsu traditionnel" en 1992, et transmettons durant plus de 30 ans, en plus de nos occupations familiales et professionnelles, la méthode "Wa-Jutsu" au sein de l'Espace Fenouil et plus récemment au sein des Dojos communaux de Carpentras et Saint-Didier, et ce jusqu'en juin 2024, où nous avons dû cesser à nos activités !
Remise du titre d'Okuden-Shihan en 2018 par le SOKE fondateur aux "pionniers" qui dès la première heure ont suivi son enseignement et développé durant toutes ces années, en tant que "Senseï", la méthode AEJT.
Le plus haut degré de transmission dans le Budo, mais peut être l'un des moins compris en Europe, celui de "Maître à Disciple".
L'équilibre physique et mental de tout individu passe par la centralisation abdominale (harageï ). Sur le plan physique, elle assure une meilleure coordination gestuelle, sur le plan psychique elle dissout les appréhensions et sur le plan de l'esprit ou du cœur elle relie les êtres entre eux (hara kara), et ces êtres avec l'ensemble du vivant ("kikaï tanden" ou "Océan du Ki").
Ce point unique situé au centre de l’abdomen inférieur (hara), à 2 ou 3 cm sous l'ombilic chez l'être humain, est qualifié de "centre terre" ("seïka tanden" ou centre de gravité) ou encore de "centre originel" ("seika-no-itten", foyer ancestral d'énergie, lieu où toute forme de vie prend naissance).
Ce point géométrique, psychique et spirituel est ainsi le centre où les lois du corps et de l'esprit se conjuguent. Il symbolise le fondement de toute "chose", comme notre premier kata ("Fudo no shiseï no kata") et notre 1° stade valeurs (titre de "Sho Mokuroku").
L'énergie universelle (KI) ou souffle originel (TE KOKYU) se manifeste dans la création selon la Loi du Tao en "matière -énergie" YIN (- -) et YANG (-), en "expiration-inspiration" (KO-KYU)…
Cette double polarisation rythme les cycles du vivant ou encore l’alternance des jours et des nuits, des saisons, le flux et le reflux des marées… ils sont la manifestation visible de cette puissance de vie invisible et pourtant bien réelle.
Par la prise de conscience de sa respiration le wajutsuka pourra s’accorder avec cette vibration universelle jusqu'à l’exprimer dans ses réalisations : « Kokyu-Ho, Kokyu nage »…
C’est donc par la pratique de la respiration diaphragmatique (Hara), enseignée dès le début de la pratique, qu’il s’harmonisera progressivement avec les puissances de l’univers (Wa).
Issu du chinois "wu shi dao" ou "voie du guerrier", le "Bushido" japonais s'est forgé et affiné durant toute son histoire féodale jusqu'à nos jours pour s'imposer progressivement sur l'ensemble de l'archipel comme une Voie de l'élévation de l'esprit et du corps.
Si initialement, la "voie de l'arc et du cheval" ("kyûba no michi") a connu plusieurs codifications, dont le célèbre "Buke Sho Hatto" au XVII° siècle (photo ci-jointe) le "Bushido" demeure plus une Voie qu'un code.
L'éthique chevaleresque des "Bushi" (guerriers, Samouraïs), constitué de vertus essentielles (les 7 plis du Hakama), s'est vu revêtir au fil du temps d'autres valeurs aussi pures, immuables et affûtées que l'acier de leur lame.
L'influence du shintoïsme (purification, rituels), du Zen (méditation, détachement) et du confucianisme (préceptes, moralité) l'ont doté de qualités hautement humaines et spirituelles.
Leur énumération demeure progressive et indivisible.
Le Bushido se vit de l'intérieur, si le wajutsuka désire progresser dans son Art, il se doit avant tout de vivre réellement le Bushido.
"La technique et le coeur ne font qu'un. Si le coeur n'est pas correct, la technique ne peut l'être." Hikitsuchi Senseï.
SE PRÊTER A LA TECHNIQUE
Dans la méthode AEJT à but non compétitif, le rôle attribué à UKE consiste à déclencher une attaque qui amènera TORI à détourner l’action à son profit pour la neutraliser.
Ce rôle tenu par « UKE » est comparable à celui d’un « révélateur » en sciences physiques car c’est l’unique moyen pour « TORI » de vérifier si sa technique de défense est adéquate. Par contre, si UKE anticipe et se défausse sans laisser TORI s’exprimer, ou inversement, résiste là où il n’y pas lieu de résister, il n’y aura aucune évolution possible pour l’un comme pour l’autre. C'est l'impasse.
UKE est un partenaire qui joue le rôle d’un adversaire, et non l’inverse. N’oublions pas que dans le Budo comme dans la vie courante, le seul adversaire à combattre c’est nous-mêmes, physiquement et moralement.
Si TORI, en réaction, ne répond que musculairement et mécaniquement sans cette profonde et subtile compréhension, cela se résumerait à un simple théâtre, celui de nos illusions et de notre inconscience.
Ces deux rôles sont donc complémentaires et combinent paradoxalement, d’une part le contrôle de soi afin de ne pas se blesser, et d’autre part le lâcher prise visant à s’abandonner totalement à l’action. Ils se doivent d’être vécus à part entière sans pour autant s’y identifier.
Ainsi, le « révélateur » dans la science du Budo n’est autre que notre Conscience, celle que nous expérimentons dans notre Art. Cela nécessite du temps, même si cette notion très relative de temps ne compte pas pour un passionné. C’est plutôt la pratique régulière et sincère qui est source de progrès, où chaque petit pas effectué pourra nous permettre au final de couvrir, pourquoi pas, une très longue distance.
Comme disent les Maîtres en Orient : "c'est l'histoire d'une vie, et une vie ne suffit pas" !
S’il y a un début à tout progrès, et une prise de conscience, il n’y a pas de fin mais plutôt une finalité, une Voie (Do) où l’on peut progresser et prospérer ensemble, en véritable partenariat (Jita Kyoeï).
"L'essentiel (le bonheur) n'est pas au sommet de la montagne, mais dans la façon de la gravir"
CONFUCIUS
« Une main de fer dans un gant de velours »
Cette expression, chère au « Budo » et au « Kobudo » japonais, concerne « l’art et la manière de saisir ». Que ce soit un poignet, une arme traditionnelle ou même des objets de la vie courante… Mais ce terme possède un sens beaucoup plus large que nos saisies diverses et s’avère être manière très subtile de saisir la vie sous toutes ses expressions
Longtemps gardé secret au sein des Dojos, cet Art vise à ne pas saisir les armes à pleines mains mais privilégier les trois derniers doigts et faire en sorte que les paumes de mains (手Te) épousent délicatement mais fermement ce que vous tenez, comme s’il s’agissait d’un œuf : pas trop mollement, sinon il vous glisserait des doigts, ni trop fort, sinon il se briserait.
Il en va de même pour les relations humaines, et bon nombre de dictons et proverbes le soulignent, où la vigilance pour ne pas blesser, au sens propre comme au sens figuré, relève plus de l’interne (内 « Uchi ») que de l’externe (« Omote »).
On peut aussi saisir une opportunité, se ressaisir, capter le sens profond de chaque mot, de chaque geste, de chaque intention, comme réciproquement, ne pas les dévoiler. Il y a donc un aspect stratégique et tactique, et même initiatique, consigné et préservé à l’époque dans des documents secrets (« Densho »).
Ce terme confine même avec la Poésie lorsqu’il décrit les feuilles d’érable rouge s’enchevêtrant et s’empilant les unes avec les autres, ou aux Arts graphiques, lorsque les Maitres de « l’Ukiyo-e » cherchaient à saisir « l’impermanence des choses » et immortaliser leur étonnante beauté.
On peut aussi capter « l’instant présent » de façon naturelle et spontanée, « lâcher-prise », et piéger ainsi le mental ordinaire dont la fonction essentielle est de saisir et s’approprier ce qu’il considère être sa propre réalité et nous maintient dans l'illusion (Maya).
En définitive, il s’agit avant tout d’apprendre et comprendre, et même surprendre, plutôt que de prendre.